Prolifération des stations-services à Kinshasa : Un risque environnemental croissant

La ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), connaît une expansion rapide des stations-services ces dernières années. Si cette prolifération répond à une demande croissante en carburant due à l’augmentation du parc automobile, elle pose néanmoins de graves risques pour l’environnement et la sécurité publique. 

La situation devient d’autant plus préoccupante que la régulation de ce secteur semble insuffisante, laissant place à des installations qui ne respectent pas toujours les normes environnementales et de sécurité.

Cette mégapole de plus de 15 millions d’habitants voit pousser des stations-services à chaque coin de rue. Au contraire, ce n’était pas le cas auparavant. Les stations-services n’existaient guère dans les milieux reculés.

Selon les dernières données du ministère des Hydrocarbures, datant du 25 juillet 2022, Kinshasa compterait 245 stations-services dont 204 opérationnelles, 21 en construction et 20 à l’arrêt.

Deux ans plus tard, ce nombre a sûrement augmenté. Des stations nouvellement construites sont parfois situées à quelques mètres les unes des autres. Cette prolifération non contrôlée est largement alimentée par l’urbanisation galopante et le manque de régulation efficace; la libéralisation du secteur pétrolier et la simplification des procédures administratives, ainsi que l’octroi de licence. 

Les investisseurs attirés par des bénéfices rapides, se lancent dans la construction de ces infrastructures sans que les autorités locales n’aient mis en place un cadre légal strict pour encadrer leur installation.

Risques environnementaux et sanitaires

La multiplication des stations-services dans des zones résidentielles et proches de lieux publics pose un risque majeur pour l’environnement et la santé des populations. Les fuites de carburant, la mauvaise gestion des déchets pétroliers et l’infiltration de produits chimiques dans le sol sont autant de menaces pour les nappes phréatiques et les écosystèmes locaux. De plus, les vapeurs de carburant et autres émanations toxiques peuvent entraîner des problèmes respiratoires chez les habitants des quartiers avoisinants.

Par ailleurs, l’absence de contrôle rigoureux des normes de construction et d’exploitation exacerbe ces dangers. Les stations construites sans égard aux normes de sécurité augmentent les risques d’incendies et d’explosions, mettant en danger non seulement les employés et les clients, mais aussi les riverains. Il est à noter que certaines de ces installations se trouvent à proximité d’écoles, de marchés ou d’hôpitaux, accentuant ainsi les dangers potentiels.

Une régulation nécessaire et urgente

Face à cette situation préoccupante, il est impératif que les autorités congolaises prennent des mesures urgentes pour encadrer l’implantation et le fonctionnement des stations-services. Cela inclut l’élaboration et l’application rigoureuse de normes de sécurité, la réalisation d’études d’impact environnemental et social avant toute construction, et la mise en place de contrôles réguliers pour s’assurer du respect de ces normes.

Il est également crucial d’encourager une sensibilisation accrue des opérateurs et du public sur les dangers que représente une mauvaise gestion des stations-services. Des campagnes d’information et de formation pourraient être mises en œuvre pour promouvoir les meilleures pratiques dans le secteur.

La prolifération non contrôlée des stations-services à Kinshasa est un phénomène qui, s’il n’est pas rapidement maîtrisé, pourrait avoir des conséquences graves pour l’environnement et la santé publique. Il est donc indispensable que des actions concertées entre les autorités, les investisseurs et la société civile soient entreprises pour assurer un développement durable du secteur énergétique dans la capitale congolaise. 

La protection de l’environnement et la sécurité des citoyens doivent être placées au cœur des priorités pour éviter qu’un besoin légitime ne se transforme en source de danger.

Bertin Al-bashir