Médecine traditionnelle en RDC : Un héritage ancien face aux défis modernes
En République Démocratique du Congo (RDC), la médecine traditionnelle occupe une place essentielle dans la vie quotidienne de millions de personnes. Cet ensemble de pratiques ancestrales, transmises de génération en génération, joue un rôle crucial dans un pays où l’accès aux soins de santé modernes reste limité pour une grande partie de la population. Mais qu’est-ce que la médecine traditionnelle en RDC, et comment s’intègre-t-elle dans le système de santé actuel ?
En effet, la médecine traditionnelle en RDC repose sur un vaste corpus de connaissances liées à l’utilisation des plantes, des minéraux, et d’autres éléments naturels pour traiter divers maux. Les praticiens de cette médecine, appelés « tradipraticiens », sont souvent des guérisseurs, des herboristes ou des chefs spirituels, respectés pour leur savoir-faire et leur capacité à guérir. Ils traitent un large éventail de maladies, allant des affections courantes, comme le paludisme, aux troubles plus complexes, tels que les maladies chroniques et spirituelles.
Témoignage des Kinois : La médecine traditionnelle comme premier recours
Pour de nombreux habitants de Kinshasa, la médecine traditionnelle représente bien plus qu’une simple alternative. Elle est souvent perçue comme une première ligne de défense contre la maladie, notamment en raison de son accessibilité et de son coût relativement bas.
Jean-Pierre Makaya, un habitant du quartier Camp-Luka, partage son expérience : « Quand ma fille a attrapé la fièvre typhoïde, j’étais désemparé. Les médicaments à la pharmacie étaient trop chers pour moi. Un voisin m’a recommandé de consulter un tradipraticien. Grâce à des infusions de plantes, ma fille a récupéré en quelques jours. Depuis, je fais confiance à ces remèdes naturels ».
De son côté, Mme Mireille Kanku, une commerçante du marché UPN, témoigne : « J’utilise la médecine traditionnelle pour traiter les douleurs articulaires. Les médicaments modernes m’ont causé beaucoup d’effets secondaires, mais les plantes que j’utilise sur recommandation d’un guérisseur n’ont jamais eu ce genre de conséquences. Je me sens plus en sécurité avec ces traitements ».
Ces témoignages illustrent une réalité quotidienne pour de nombreux Kinois : la médecine traditionnelle est non seulement une alternative viable, mais elle est aussi ancrée dans une relation de confiance qui dépasse souvent celle accordée aux soins modernes.

Un accès limité aux soins modernes
Dans un pays où l’infrastructure de santé est souvent défaillante, notamment dans les zones rurales, la médecine traditionnelle est souvent la seule option pour de nombreuses personnes. Le coût prohibitif des médicaments modernes, le manque d’hôpitaux et de cliniques accessibles, ainsi que les distances importantes à parcourir pour obtenir des soins, poussent les populations à se tourner vers les tradipraticiens. Ces derniers sont souvent mieux intégrés dans les communautés locales, ce qui leur permet d’offrir des soins personnalisés et de proximité.
Intégration et reconnaissance officielles
Bien que longtemps marginalisée par le système de santé formel, la médecine traditionnelle commence à être mieux reconnue en RDC. Le gouvernement congolais, à travers son ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévention, avait mis en place depuis le 25 juin 2021, des initiatives visant à encadrer et à intégrer ces pratiques dans le système de santé national. Des efforts sont en cours pour former et certifier les tradipraticiens, tout en encourageant la recherche sur l’efficacité des remèdes traditionnels.
Cependant, cette reconnaissance officielle s’accompagne de défis. Il est nécessaire de protéger le savoir traditionnel des communautés locales contre l’exploitation et d’assurer que les pratiques utilisées respectent les normes de sécurité et d’efficacité. Le dialogue entre médecine traditionnelle et médecine moderne doit être renforcé pour offrir aux patients des soins de qualité.
Partant de cette analyse, la médecine traditionnelle en RDC demeure un pilier essentiel de la santé publique, avec un potentiel inestimable pour contribuer au bien-être de la population. Pour qu’elle réalise pleinement ce potentiel, il est impératif de trouver un équilibre entre respect des traditions et adaptation aux exigences de santé modernes.
« La nature ne ment jamais », dit-on. Le recours à la médecine traditionnelle peut être une alternative aux services ou soins de santé. Toutefois, un encadrement du secteur s’impose pour éviter le pire, car il s’agit d’une question de santé publique.
Bertin Al-bashir
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