Gestion des déchets à Bukavu : plus de 889 tonnes d’immondices par jour, une menace pour l’environnement et la santé publique
La ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), fait face à une production quotidienne de plus de 889 tonnes de déchets ménagers et immondices. Ce chiffre alarmant, révélé par les experts en environnement en collaboration avec la mairie et le gouvernement provincial, témoigne d’un véritable défi pour la gestion des déchets dans cette ville.
Les premières pluies qui se sont abattues sur Bukavu récemment ont mis en évidence l’ampleur du problème. En effet, ces précipitations ont provoqué l’obstruction de nombreux canaux d’évacuation, accentuant les inondations dans plusieurs quartiers de la ville. Les déchets, souvent abandonnés dans les rues ou déversés dans des ravins, contribuent à ces blocages, aggravant ainsi les dégâts causés par les intempéries.
Face à l’urgence de la situation, les autorités locales appellent à une mobilisation générale. Selon Didier Kabi, ministre de l’Economie verte et environnement du Sud-Kivu, « il se fait un constat que la ville de Bukavu en elle-même produit journellement autour de 898 tonnes des déchets par jour. Mais le constat qui est fait avec le tableau que nous avons peint ensemble ici, est que seulement 7 pourcent de ces déchets sont collectés par les organisations existantes dans la ville de Bukavu, et de ce 7 pourcent, il n’y a que 0,3 pourcent qui intervient dans le secteur de la valorisation des déchets ».
Conséquences environnementales et sanitaires
Cette accumulation massive de déchets a des effets néfastes non seulement sur l’environnement, mais aussi sur la santé publique. Les décharges sauvages favorisent la prolifération d’insectes et de rongeurs, vecteurs de maladies telles que le paludisme et le choléra. Par ailleurs, la pollution des sols et des cours d’eau par les déchets plastiques et organiques menace l’écosystème local, notamment les rivières qui traversent la ville et servent de source d’eau pour plusieurs ménages.
Les experts en environnement qui accompagnent la province ont tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité urgente d’une politique de gestion durable des déchets.
« Face à ce tableau sombre, et les problèmes auxquels nous faisons face actuellement à chaque tombée des pluies, ce sont des caniveaux et canaux d’évacuation qui sont pleins des déchets ménagers, c’est soit la SNEL qui subit les perturbations sur la fourniture en énergie électrique que nous utilisons jour et nuit parce que tous ces déchets sont allés jusqu’au niveau de la centrale et comme conséquence, nous manquons l’énergie électrique », déclare Didier Kabi.
Et d’ajouter : « Notre environnement est totalement pollué. Nos écosystèmes sont tellement menacés que plus d’une personne n’arrive pas à se poser une question si la ville de Bukavu anciennement appelée Bukavu la verte, pourquoi a-t-elle perdu cette image ».
Une gestion des déchets inadéquate
Le manque d’infrastructures adéquates pour la collecte et le traitement des déchets à Bukavu est l’un des facteurs qui aggrave cette situation. Les services de voirie, souvent débordés, peinent à assurer une gestion efficace des ordures. Les habitants, quant à eux, manquent parfois d’information ou de moyens pour adopter des pratiques responsables en matière de gestion des déchets.
Le gouvernement provincial a promis de renforcer les efforts pour améliorer les infrastructures et sensibiliser la population sur la question. Des projets de création de centres de tri et de recyclage sont à l’étude, mais leur mise en œuvre reste encore incertaine en raison du manque de financements et de volonté politique.
Bertin Al-bashir
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