COP 29 : « L’Afrique doit impérativement intégrer la résilience climatique dans ses infrastructures » (Dr Al Hamndou)

COP 29 : « L’Afrique doit impérativement intégrer la résilience climatique dans ses infrastructures » (Dr Al Hamndou)

À quelques heures de la COP29 qui se tiendra à Bakou en Azerbaïdjan, Dr Al-Hamndou Dorsouma, chef de division au Département du changement climatique et croissance verte à la Banque africaine de développement (BAD), a appelé les dirigeants africains à inclure la résilience climatique dans leurs plans d’infrastructures. Les récents événements climatiques extrêmes, des ouragans aux sécheresses, témoignent de l’urgence d’agir. 

Dans une interview exclusive, Dr Dorsouma a partagé son analyse de la situation et souligné les actions nécessaires pour renforcer la durabilité des infrastructures africaines.

Un continent particulièrement vulnérable

« L’Afrique reste le continent le plus vulnérable face aux impacts des changements climatiques », a rappelé Dr Dorsouma. Ce constat est alarmant pour une région où le faible niveau de développement limite les capacités d’adaptation et rend les infrastructures particulièrement exposées. La destruction causée par les catastrophes climatiques impacte lourdement les économies africaines, mettant en péril les efforts de développement.

Selon lui, cette vulnérabilité impose un changement de paradigme : les projets d’infrastructures ne peuvent plus ignorer les facteurs de résilience climatique. 

« Intégrer les enjeux climatiques dans les standards de construction est le moyen le plus efficace d’assurer la durabilité des infrastructures présentes et futures du continent », a-t-il précisé.

Des normes obsolètes face aux extrêmes climatiques

Dr Dorsouma a insisté sur la nécessité d’adapter les normes de construction, qui ne sont plus alignées avec les réalités actuelles et futures. « Les données centennales, souvent utilisées pour évaluer les risques, ne correspondent plus aux nouvelles réalités climatiques ». Il évoque la fragilité des infrastructures africaines face à des phénomènes climatiques de plus en plus fréquents et violents, comme les inondations et les sécheresses.

Les infrastructures africaines, dont 70 % restent à construire, offrent toutefois une opportunité unique. 

« C’est l’occasion pour les pays africains d’anticiper les risques climatiques et d’ériger des infrastructures résilientes », a ajouté le chef de division du département changement climatique de la BAD, en soulignant l’importance d’intégrer les projections climatiques dans les curricula de formation des ingénieurs.

Les défis côtiers et l’exemple de Grand Bassam

L’élévation du niveau des mers constitue un autre défi majeur, en particulier pour les infrastructures côtières. « Les ports, les installations industrielles et touristiques sont particulièrement exposés à l’érosion côtière et aux tempêtes tropicales », a noté Dr Dorsouma. Il a cité l’exemple de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, où la montée des eaux menace des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco. La ville de Grand Lahou, également en Côte d’Ivoire, a déjà subi des pertes économiques liées à la dégradation de ses plages, compromettant des activités comme la pêche et le tourisme.

L’urgence d’un développement climato-résilient

Pour Dr Dorsouma, il est urgent que le développement durable s’inscrive dans une démarche résiliente face au climat. Il mentionne des projets prometteurs, tels que le corridor routier Abidjan-Lagos, un projet de plus de 1 000 kilomètres financé par la BAD. Ce projet prend en compte les projections climatiques et intègre un programme spécial pour lutter contre l’érosion côtière.

« Il est temps pour les pays africains de faire de la résilience climatique une priorité dans leurs plans nationaux », a-t-il conclu. Pour Dr Dorsouma, il s’agit d’un enjeu de sécurité nationale : les infrastructures représentent le fondement de l’économie et doivent être protégées des risques climatiques actuels et futurs.

La Rédaction

Partage :

Laisser un commentaire