De Busan (Corée du Sud) à Kinshasa (RDC) : Quelle gestion des déchets plastiques ?
Le sommet de Busan en Corée du Sud consacré à la pollution plastique s’est achevé le dimanche 1erdécembre 2024 par un échec, les négociateurs n’étant pas parvenus à un traité mondial sur la pollution plastique. Cet échec des représentants de plus de 175 pays au sommet de Busan sous l’égide des Nations Unies a sonné comme un couperet dans les consciences de certains activistes de l’environnement. C’est le cas de Jean Mangalibi, Coordonnateur de l’ONG Amis de la Nature et des Jardins (ANJ).
Dans son analyse, il commencé par faire un passage en revue des différentes conférences des parties des Nations Unies (COP), et particulièrement du sommet de Busan en Corée du Sud sur la pollution plastique, tenu du 23 novembre au 1er décembre 2024.
« Nous devons participer sommets mondiaux, mais sans compter sur toutes les promesses faites à l’issue de ces derniers. Par ailleurs, on a la malchance d’avoir des ministres qui viennent nourrir la population des vains espoirs à leur retour », a indiqué Jean Mangalibi. Il se pose encore des questions sur les retombées de la COP 28, alors qu’il venait de se tenir la COP 29 à Bakou en Azerbaïdjan. « A leur retour, les délégués aux différentes conférences internationales font du tapage lors des restitutions, mais sans dire exactement ce que la république a gagné. On ne gagne rien, on continue plutôt à perdre », a-t-il souligné.
Pour M.Mangalibi, la ré-visitation de la constitution doit prendre le sens de responsabiliser davantage ceux qui exercent les mandats publics, comme les ministres. « Moi j’ai toujours été pour qu’on arrive revisiter la constitution pour la simple raison que si tu acceptes de devenir ministre de l’environnement,mais si tu n’as pas un programme cohérent pour faire avancer les choses, à la fin de ton mandat on doit t’arrêter. À ce moment-là, les gens auront peur de devenir ministre », a-t-il soulevé.

Interdiction et gestion des déchets plastiques à Kinshasa
L’Edit n°003 du 9 septembre 2013 de la Ville de Kinshasa, spécialement en son section 5, article 28 qui stipule : « il est interdit de vendre de l’eau conditionnée dans les emballages en sachet plastique ». Cet Édit provincial n’a jamais connu un début d’exécution, car la vente d’eau en sachet plastique est toujours monnaie courante. Pour Jean Mangalibi, Kinshasa ne sera jamais propre au moment où on inaugure des usines qui produisent des millions de bouteilles par jour. « Dans l’édit précité, il est annoncé l’interdiction de tout produit en plastique dans la ville de Kinshasa, Edit qu’on ne sait pas mettre en pratique », a dit le Coordonnateur de l’ANJ.
Ce que tout congolais doit mettre dans son cœur est de savoir qu’être une première réserve mondiale est une grâce et équivaut à une très grande responsabilité.
Jean Mangalibi a cité l’exemple de Singapour qui était l’un des pays le plus corrompu et le plus sale de la planète, mais qui aujourd’hui, est parmi les coins les plus propres de la planète.
« Quand tu jettes une bouteille plastique dans la rue, tu feras l’objet d’une amende de 1.000 ou 2.000 dollars américains. Mais à Kinshasa, quand tu jettes une bouteille plastique, on t’applaudit et le jour où tu vas la ramasser, on te paye de l’argent » a déploré Jean Mangalibi. Et d’ajouter, « c’est pour dire que la politique mise en place équivaut à pousser la population à jeter tout qu’on a dans la rue. Tant qu’on n’a pas changé d’approche, rien ne va changer », s’est-il plaint.

En citant l’exemple de Singapour, Jean Mangalibi a relevé qu’il faut commencer par mettre en pratique ne fût-ce que l’Edit n°005 pour gérer les déchets plastiques avec conscience. « Pour renverser la situation de l’insalubrité de la ville de Kinshasa, il nous faut ‘un gouverneur responsable ».
La mise en application des Edits provinciaux doit permettre au gouverneur de mettre à contribution la population, tout en valorisant et responsabilisant les chefs de rues ou d’avenues, les chefs de quartiers, les bourgmestres qui vont l’aider dans l’assainissement, le recensement, le paiement des impôts sur le revenu locatif ou l’impôt foncier, etc.

Exploiter le pétrole pour augmenter la production du plastique ?
Les négociations de Busan en Corée du Sud se sont heurtées au lobbying des pays producteurs du pétrole. Avec ses réserves pétrolières, la crainte est d’aggraver la situation de la pollution du pays et de la production du plastique, qui du reste, est un dérivé du plastique. Sur cette question, Jean Mangalibi s’est dit n’être pas pressé concernant l’exploitation du pétrole congolais, compte tenu d’autres ressources naturelles dont dispose le pays.
« On peut donc se passer de l’exploitation pétrolière si nous voulons réellement préserver notre environnement.L’exemple du Brésil qui était hier la première réserve stratégique mondiale, si elle est devenue en deuxième position, c’est à cause entre autres de l’exploitation du pétrole », a renseigné Jean Mangalibi. « Etant donné que le monde est devenu un village planétaire, c’est donc à nous de voir comment gérer notre maison », a-t-il ajouté.
La bonne gestion locale de l’environnement a des répercussions sur toute la planète, il faut donc privilégier des solutions locales et non importées. « Nous connaissons nos propres besoins et nous devons privilégier les solutions internes en nous mettant réellement au travail pour réécrire notre propre histoire, par rapport à la manière de gérer notre environnement pour le bien-être du Congo et pour l’intérêt de la planète », a conclu le Coordonnateur de l’ANJ, Jean Mangalibi.
Il convient de noter que l’ONG Amis de la Nature et des Jardins se porte bien et poursuit son travail de sensibilisation, de sentinelle et de veille dans l’accompagnement des autorités par rapport aux responsabilités qui sont les leur.
Ruben Ns Mayoni
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