Climat : Les enjeux géopolitiques du prochain rapport du Giec en débat à Hangzhou

Climat : Les enjeux géopolitiques du prochain rapport du Giec en débat à Hangzhou

Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) entame son 7ème cycle de travaux, une réunion cruciale se tient depuis lundi à Hangzhou, en Chine. Les représentants des pays membres doivent y définir le calendrier et le contenu des prochains rapports scientifiques, dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques croissantes et des défis climatiques sans précédent. 

Le Giec, créé en 1988 pour éclairer les décideurs politiques sur les enjeux climatiques, prévoit de publier un rapport de référence d’ici 2029. Ce document sera accompagné d’évaluations intermédiaires et de rapports thématiques, dont un sur « le changement climatique et les villes », attendu pour 2027. 

Cependant, le rythme de production de ces travaux fait l’objet de vifs débats. Certains pays, notamment les États insulaires vulnérables et plusieurs nations européennes, plaident pour un calendrier accéléré afin que les données scientifiques les plus récentes puissent alimenter le « bilan mondial » de l’ONU Climat en 2028. Ce bilan, établi tous les cinq ans, est essentiel pour évaluer les progrès réalisés dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

À l’inverse, des pays comme la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite et la Russie estiment que le calendrier proposé est trop ambitieux. Selon eux, un processus trop rapide pourrait compromettre la qualité des rapports. Ces divergences reflètent des intérêts économiques et politiques divergents, notamment en ce qui concerne la transition énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Un contexte climatique alarmant


Cette réunion intervient dans un contexte où les deux dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, et où les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Le dernier rapport du Giec, publié début 2023, a souligné que le monde se dirigeait vers un réchauffement de 1,5°C dès le début des années 2030, un seuil critique pour les écosystèmes et les sociétés humaines. Des études récentes suggèrent même que ce seuil pourrait être franchi avant la fin de cette décennie. 

Malgré ces avertissements, les efforts pour réduire les émissions restent insuffisants. Le premier bilan mondial de l’ONU Climat, publié en 2023, a révélé que l’humanité était en retard par rapport aux objectifs de l’accord de Paris de 2015. Les émissions devraient diminuer de 43 % entre 2019 et 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5°C, mais elles continuent d’augmenter dans plusieurs pays, notamment en Inde et en Chine. 

Des enjeux géopolitiques majeurs 

Les discussions à Hangzhou ne se limitent pas à des questions techniques. Elles reflètent également des tensions géopolitiques croissantes. Les pays producteurs de pétrole et les grands émetteurs de gaz à effet de serre s’opposent souvent aux nations les plus vulnérables face au changement climatique. La Coalition pour la haute ambition, qui regroupe des pays européens et des États insulaires, insiste sur la nécessité de fonder le bilan mondial de 2028 sur des données scientifiques solides et actualisées. Selon eux, toute rupture dans ce processus « compromettrait la crédibilité et l’intégrité » de l’accord de Paris. 

Cependant, les négociations sont compliquées par les intérêts économiques et les priorités nationales. Par exemple, la Chine et l’Inde, dont les émissions augmentent rapidement, sont réticentes à adopter des mesures qui pourraient freiner leur croissance économique. De même, les pays producteurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite, cherchent à protéger leurs industries fossiles. 

Une fenêtre d’opportunité qui se réduit

Pour de nombreux observateurs, la réunion de Hangzhou représente une dernière chance de parvenir à un consensus avant que les divisions ne se creusent davantage. 

« La pression géopolitique, les coûts financiers du changement climatique et la transition énergétique rendent ces discussions particulièrement difficiles », a déclaré une source proche des négociations. 

Alors que le monde se rapproche dangereusement des limites fixées par l’accord de Paris, les décisions prises à Hangzhou auront des répercussions majeures sur l’avenir de la planète. Le Giec devra non seulement produire des rapports scientifiques rigoureux, mais aussi naviguer dans un paysage politique de plus en plus complexe et polarisé.

La Rédaction et Goodplanet

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