Accès à l’électricité en RDC : des « questions citoyennes» pour améliorer la desserte

Accès à l’électricité en RDC : des « questions citoyennes» pour améliorer la desserte

La question de l’accès à l’électricité ne cesse de se poser avec acuité en République Démocratique du Congo (RDC) en général et dans la ville de Kinshasa en particulier. De nombreuses questions restent en suspens concernant cette problématique, sans que cela ne trouve des réponses adéquates pour la stabilisation du réseau.

Voilà qui justifie l’initiative de 47 organisations de la société civile, sous la houlette de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et l’action publique (CORAP) de poser des « questions citoyennes » aux responsables de la société nationale de l’électricité (SNEL), aux membres du gouvernement central et au gouvernement provincial de Kinshasa. Objectif, trouver des solutions durables au problème, dont l’une est de renforcer le financement de la production d’électricité.

Les questions


Plusieurs questions sont adressées aux autorités. S’inquiétant de la situation des coupures intempestives de l’électricité à Kinshasa, la CORAP s’interroge sur la situation de l’intérieur du pays. Les questions de la société civile s’adressent d’abord autorités de la SNEL en ces termes : « Si la commune de la Gombe, centre des institutions de la province, subit de tellescoupures, que dire des autres communes populaires comme Makala, Bumbu, Barumbu, Kisenso, Nsele ou encore Maluku ? ». 

Pour la société civile, cette situation complique encore davantage la vie des Congolais, notamment des Kinois, qui ne peuvent plus s’organiser efficacement à la maison. Ils voient leurs activités dépendantes de l’électricité interrompues. Ils sont exposés à une insécurité accrue la nuit en raison de l’obscurité dans les grandes artères de la ville, et subissent de nombreux autres impacts négatifs liés au manque d’accès à l’électricité.

La CORAP invite la SNEL à travailler d’arrache-pied pour remédier à cette situation, car la population est fatiguée par ces conditions de pénurie d’électricité et par le comportement de certains agents et journaliers de la société. Pire, en dépit de cette mauvaise situation de desserte, les factures restent les mêmes.

Le gouvernement central, appelé à mettre sur pied la politique énergétique du pays a également son lot de questions, étant responsable de l’amélioration de la desserte en électricité.

« Quel montant avez-vous investi dans le secteur de l’électricité, notamment à la SNEL, en 2024, pour améliorer la gouvernance et/ou lancer des projets de production d’électricité ? Dans l’ensemble, le secteur de l’électricité souffre d’un manque de financement pour son développement. La question est de savoir combien de ressources vous prévoyez d’allouer à ce secteur dans la loi des finances 2025 ? Quels efforts avez-vous déployés pour régler la dette des institutions publiques concernant la consommation d’électricité, afin de permettre à la SNEL de maintenir ses infrastructures vieillissantes ? Où en est-on avec le PDL-145T volet énergie ? Bref, la société civile s’interroge sur les politiques mises en place pour capitaliser sur le potentiel des énergies renouvelables, notamment solaires, à Kinshasa et dans d’autres provinces ? »

Aux autorités de la Ville de Kinshasa, la CORAP adresse les questions ci-après : « Quelle est votre politique énergétique pour la ville ? Avez-vous une planification énergétique pour Kinshasa, afin de répondre au déficit criant constaté ? À quoi servent les frais de la taxe sur l’éclairage public collectés via les factures de la SNEL et mis à la disposition de la ville chaque année, alors qu’une grande partie des artères de la ville se trouvent non éclairées ? Quelles sont les politiques mises en place pour capitaliser sur le potentiel des énergies renouvelables, notamment solaires, à Kinshasa et dans d’autres provinces ? Savez-vous que le secteur de l’électricité est libéralisé et décentralisé. Quels sont les efforts mis en place pour rendre effective cette libéralisation par la ville pour lui faire bénéficier des avantages de cette libéralisation et de cette décentralisation ? Malgré la récente réforme de l’Ordonnance-loi N˚25/025 du 05 février 2025, qui a restreint certaines prérogatives provinciales tout en consolidant le pouvoir du Ministre National des Ressources Hydrauliques et Electricité au détriment des institutions existantes. Quelles actions avez-vous mises en œuvre pour développer le secteur électrique dans votre province qui est dans le noir ? Quels sont les projets énergétiques de la ville de Kinshasa ? »

Au vu de tout ce qui précède, la CORAP constate que dans l’ensemble, aucune initiative concrète n’est mise en œuvre à court et moyen terme pour renforcer la production d’électricité et améliorer la desserte. « Il est temps que cela change. Sinon, la population sera obligée de se prendre en charge », conclut la société civile.

Ruben Ns Mayoni

Partage :

Laisser un commentaire