RDC : Les habitants d’Inga vivent sans eau, ni électricité
Le village d’Inga, situé dans la province du Kongo Central, est paradoxalement privé des commodités les plus essentielles malgré sa proximité avec l’un des plus grands complexes hydroélectriques du monde. Depuis des années, les habitants de cette localité vivent sans accès régulier à l’eau potable et à l’électricité, un contraste saisissant avec le potentiel énergétique de leur région.
Ces révélations ont été faites par quelques habitants de ce coin présents à Kinshasa pour prendre part à la 2ème édition du Forum National de la Société Civile sur l’Énergie (FNSCE), qui se déroule depuis mardi 20 août 2024.
Un site de production d’électricité, mais pas d’électricité pour les habitants
Les résidents d’Inga expriment leur frustration face à cette situation intenable. Certains dénoncent une injustice sociale criante : comment comprendre que l’énergie générée chez eux bénéficie à d’autres tandis qu’eux-mêmes en sont privés ? Ce sentiment d’abandon alimente le mécontentement et la méfiance envers les autorités locales et nationales.
Une dame, d’une quarantaine d’années, née, grandie, et qui, selon elle, vieillira à Inga, a exprimé sa désolation lors d’un panel.
« Nous vivons sans électricité à Inga, moins encore l’eau. Lors du lancement du projet grand Inga, à l’époque, il n’y avait pas assez de monde, c’est ainsi que l’Etat congolais et la Snel avaient fait appel à des natifs d’autres villages pour contribuer à la main d’œuvre de ces travaux. Et depuis, ces gens n’ont jamais regagné leurs villages. Lors du recensement de 1930, Inga comptait 11.000 habitants. Mais pour le moment il y a eu des nouveaux nés, et le nombre a largement augmenté », a-t-elle déplorée.
Et de poursuivre : « Nous vivons avec des difficultés énormes puisqu’à l’époque nos ancêtres n’avaient pas assez de connaissances. De nos jours, nous vivons que grâce au soutien de la société civile. Elle s’approche de nous pour nous apprendre ce que nous ignorons concernant nos droits. Mais ce que nous voulons faire savoir est que nous ne sommes pas en liberté. Mon souci est de demander à nos législateurs pourquoi nous manquons la liberté alors que la liberté d’expression est garantie par la constitution? À Inga, la société civile et les ONG sont interdites d’y arriver. Nous avons besoin d’eux. Ce sont eux notre lumière. Si aujourd’hui j’ai pris cette opportunité de m’exprimer devant vous, c’est grâce à eux », a-t-elle renchérit.

De son côté, Nzuzi Mabonga Stephane, l’un des premiers occupants d’Inga, a fait des révélations sur le début des pourparlers concernant le site du projet de construction d’Inga III et la signification de ce village. Selon lui, Inga signifie “accepter” ou “oui”.
« Je travaille à Inga, et je suis journalier depuis près de 15 ans. À l’époque de la construction du grand Inga, nos ancêtres n’ont pas pu résister face à la dictature de Mobutu. Ils ont accepté la construction du barrage mais en optant pour la conservation de nos terres », a-t-il révélé.
A en croire cette dernière, ils ont par la suite aperçu une délégation du FFI débarquer à Inga pour la construction d’Inga III. Nzuzi Mabonga signale qu’il a travaillé avec le stratège Al Kitenge pour les démarches de travaux, et ils ont remis leur cahier de charge à la délégation venue de Kinshasa “mais sans aucune suite jusqu’à maintenant”.
Le complexe hydroélectrique d’Inga, situé sur le fleuve Congo, est censé être l’un des piliers de l’approvisionnement en électricité de la République Démocratique du Congo (RDC). Pourtant, les communautés locales qui vivent à proximité immédiate des barrages Inga I et Inga II sont les grandes oubliées de cette production énergétique. La majorité des foyers à Inga n’a jamais eu accès à l’électricité, alors même que des lignes à haute tension traversent leur village pour alimenter des villes éloignées, voire des pays voisins.
Sous la conduite de la Coalition des Organisations de la Société Civile pour le suivi des Réformes et de l’Action Publique (CORAP), les travaux de la société civile (FNSCE) vont se clôturer ce jeudi 22 août, la descente sur le terrain aura lieu vendredi 23 août.
A l’issue de ce forum, les recommandations formulées par les participants seront rapportées au ministre des Ressources hydrauliques et Électricité, ainsi qu’aux différents responsables du secteur énergétique en RDC.
Bertin Al-bashir
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