Hydrocarbures : 135 organisations, dont la Corap, ont lancé la campagne « Notre Terre Sans Pétrole (NTSP) »

Hydrocarbures : 135 organisations, dont la Corap, ont lancé la campagne « Notre Terre Sans Pétrole (NTSP) »

Le lancement de cette campagne, mercredi 30 octobre 2024, fait suite à la décision prise par le Ministre des Hydrocarbures, en date du 11 octobre 2024, d’annuler partiellement les appels d’offres des 27 blocs pétroliers et 3 gaziers, lancé le 28 juillet 2022. Une décision saluée par les organisations de la société civile. Cette campagne précédée par une déclaration dont l’objectif est de saluer l’annulation partielle de l’appel d’offres, tout en réaffirmant son opposition à toute exploitation pétrolière et gazière en République Démocratique du Congo (RDC). 

Car, à en croire la société civile, l’exploitation des hydrocarbures en RDC aurait des conséquences désastreuses sur la vie des Congolais, la sécurité alimentaire, la préservation de la biodiversité, les droits fonciers et les régimes de pêches ruraux, ainsi que sur la lutte contre le changement climatique. Elle a rappelé à l’occasion, les engagements pris par la RDC sur le plan national et international en termes de protection de l’environnement, de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques.

Le Secrétaire exécutif de de la Coalition des organisations de la société civile congolaise pour le suivi des réformes et de l’action publique, s’est interrogé s’il faut qu’on continuer avec un modèle économique qui appauvrit les communautés et qui enrichit les promoteurs des projets. « Je pense qu’il est temps qu’on arrive à changer des paradigmes. La campagne « Notre terre sans pétrole » est une campagne qui, au-delà même des aspects économiques, voit aussi les aspects irréversibles notamment sur l’environnement, sur la biodiversité. Onl’a toujours dit d’ailleurs que, même les grands pays, les pays développés ont des difficultés aujourd’hui à gérer les impacts des hydrocarbures », a indiqué Emmanuel Musuyu. Avant d’ajouter, « avec tout le désordre et le problème de gouvernance que nous connaissons, ainsi que toutes les irrégularités qui sont déjà constatées dans le processus jadis lancé, avec toutes les violations des lois, droits des communautés locales, peut-on vraiment aller avec cette exploitation ? », s’est-il interrogé.

Le Secrétaire Exécutif de la CORAP a ensuite conclu : « Nous estimons que si on avance de cette façon il y a plutôt des risques que des avantages pour le pays, que les communautés locales pourront gagner dans l’exploitation pétrolière. Peut-être qu’une chose aussi, on nous a montré un côté très positif de l’exploitation des hydrocarbures, notamment à travers les appels d’offres qui étaient lancés parlant de plusieurs milliards que le gouvernement congolais devra gagner. Mais ici, nous allons d’avantage exprimer cela à travers la campagne « Notre Terre Sans Pétrole ». Premièrement, il n’y a pas d’études qui démontrent clairement que les projections qui sont faites sont réelles. Et nous pensons que ces projections qui sont faites ou ces avantages exprimés ne sont beaucoup plus que d’ordres propagandistes qu’une réalité ».

En somme, selon les organisateurs, la campagne « Notre Terre Sans Pétrole » appelle à l’abandon définitif de tout projet futur visant à attribuer de nouveaux droits d’exploitation d’hydrocarbures, et l’annulation des deux Contrats de partage de production relatifs aux blocs gaziers et qui ont déjà été signés, peut-on lire dans la déclaration rendue public le meme jour.

Pour sa part, Me Laurette Kabedi Disanka, Cheffe de Projet Menace des Industries extractives de l’ONG Actions pour la promotion et protection des peuples et espèces menacées, a évoqué quelques alternatives génératrices des recettes auxquelles la RDC devraitrecourir en lieu et place de se lancer dans l’exploitation des hydrocarbures dont les conséquences sont plus néfastes que les bénéficies.

« La RDC a toujours été pays solution. Sur le plan international, le pays a signé des conventions, notammentla convention cadre sur la Biodiversité de Kunming/Montréal. La RDC, tout comme d’autres pays signataires, sont appelés à respecter. Il faudrait que la RDC pense à valoriser les potentiels forestiers qu’elle possède. Le pays dispose des tourbières qu’elle doit penser à cartographier pour les mettre en valeur. Aujourd’hui, avec le système pollueurpayeur, les pays qui ont pollué l’environnement doivent récompenser la RDC et grâce à cela, elle pourra générer des millions de dollars pour renflouer les caisses de l’Etat et préserver en même temps les écosystèmes, pour ensuite préserver la biodiversité, et ainsi éviter les catastrophes écologiques mondiales »a soutenu Me Laurette Kabedi Disanka.


Plutôt que de se concentrer sur une industrie fossile en phase de déclin, le gouvernement congolais et ses partenaires devraient se concentrer sur le renforcement de l’économie du pays à travers un développement durable, apportant des résultats concrets etangibles au peuple congolais, l’exploitation pétrolière à Muanda dans le Kongo central étant un exemple éloquent des limites montrées par cette activité, à travers la dégradation de l’environnement des communautés locales et une pollution importante de la zone, sans oublier le manque de développement économique dans la région et au pays, soutiennent ces organisations de la société civile.

Patient Muamba, consultant en hydrocarbures à la CORAP, a relevé le fait que les communautés locales souffrent de la dégradation des terres agricoles devenues moins fertiles à cause des activités pétrolières, comme c’est le cas de Muanda où la population de cette partie du territoire national croupit dans la pauvreté a plus noire.

« Notre Terre Sans Pétrole’ parce que beaucoup de nos communautés dépendent de la terre et donc nous avons l’expérience de Moanda, la terre de Moanda n’est plus fertile, la terre de Moanda ne donne plus ce qu’elle donnait il y a quelques années à cause du pétrole. Doncc’est un message que l’on donne à toutes les communautés qui subissent les conséquences de l’exploitation du pétrole, ces communautés-là demandent à ce que leurs terres ne soient pas polluées par le pétrole, elles vivent également des irrégularités et des violations graves des droits humains. Vous avez l’exemple de l’Ouganda où la population ne sait pas vivre sur ses terres à cause de l’exploitation du pétrole »a insisté Patient Muamba.

Signalons que cette campagne, « Notre Terre Sans Pétrole » a une durée indéterminée, a assuré les organisateurs, jusqu’à ce que le gouvernement renonce définitivement aux appels d’offres, étant donné que le ministère des Hydrocarbures Aimé Molendo Sakombi a assuré qu’un nouveau projet va être préparé dans les prochains jours et la mise en place prochaine d’un nouveau processus d’appel d’offres.

Ruben Ns Mayoni

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