Couloir vert Kivu-Kinshasa : Entre promesses et défis

Couloir vert Kivu-Kinshasa : Entre promesses et défis

La République démocratique du Congo (RDC) se prépare à lancer un ambitieux projet de conservation : le « Couloir vert Kivu-Kinshasa ». Ce corridor écologique, destiné à préserver la biodiversité entre l’Est du pays et la capitale, suscite à la fois espoirs et inquiétudes. 

Dans une note technique, Patrick Saidi Hemedi, Coordonnateur national de la Dynamique des groupes des peuples autochtones (DGPA), détaille les enjeux et les obstacles liés à cette initiative.

Porté comme une opportunité unique de renforcer le cadre légal environnemental de la RDC, ce projet s’inscrit dans une vision de développement durable. Il pourrait non seulement protéger les écosystèmes mais aussi favoriser l’émergence d’une économie verte. Toutefois, ses ambitions se heurtent à de nombreux défis, notamment d’ordre social, économique et sécuritaire.

Selon cette noté technique, le principal risque identifié est le conflit avec les Peuples Autochtones Pygmées et les Communautés Locales, dont les moyens de subsistance dépendent directement des ressources naturelles. Ces populations, souvent oubliées dans les grandes politiques publiques, pourraient résister si leurs droits fonciers et leurs besoins ne sont pas pris en compte.

Par ailleurs, certaines régions concernées par le projet, notamment dans les provinces du Kivu et du Mai-Ndombe, sont marquées par des conflits armés et communautaires. Sans consultations préalables et garanties sociales adéquates, la mise en œuvre de ce couloir écologique pourrait attiser les tensions.

La gestion d’un tel projet s’annonce complexe. Elle nécessitera des moyens financiers importants et une coordination rigoureuse entre le gouvernement, les ONG, les communautés locales et les partenaires techniques et financiers. Patrick Saidi Hemedi met aussi en garde contre les risques de corruption et de mauvaise gouvernance, qui pourraient compromettre les objectifs du projet.


Des mesures pour éviter l’échec

Pour minimiser les risques, plusieurs mesures sont nécessaires. L’implication active des populations locales et des Peuples Autochtones Pygmées, dès les premières phases du projet, est essentielle. Il faudra aussi renforcer les capacités des acteurs locaux à gérer et surveiller ce couloir écologique.

La note technique préconise par ailleurs des mécanismes de transparence pour garantir une gestion rigoureuse des fonds et des ressources. Le développement d’alternatives économiques pour les communautés locales est également jugé indispensable pour éviter des conflits liés aux restrictions d’exploitation.

Le succès du « Couloir vert Kivu-Kinshasa » dépendra aussi d’un cadre légal adapté. De nouvelles lois devront être adoptées pour clarifier les droits fonciers et réglementer l’utilisation des ressources naturelles. La création d’une autorité de gestion spécifique et de mécanismes de cogestion impliquant les communautés locales pourrait permettre une gouvernance participative et efficace.

Malgré ces nombreux défis, ce projet pourrait faire de la RDC un exemple en matière de conservation et de développement durable. Mais, comme le souligne Patrick Saidi Hemedi, sa réussite repose sur une approche inclusive et une gouvernance exemplaire.

La Rédaction

Partage :

Laisser un commentaire