Electrification de la RDC : le Réseau Mwangaza propose des solutions aux défis du secteur

Vendredi 26 juillet 2024 à l’espace Silikin Village dans la commune de Ngaliema, le Réseau Mwangaza a organisé un atelier axé sur les différents défis auxquels le secteur de l’électricité fait face en RDC, défis à relever pour un accès de tous les congolais à l’électricité. C’était également l’occasion pour ce réseau qui regroupe huit organisations de la société civile œuvrant dans le secteur de l’électricité, de présenter son rapport diagnostic sur l’électrification de la RDC.

Après la présentation du rapport diagnostic par le point focal énergie à Resources Matters Christian Kabongo, des défis de l’électrification de la RDC par Emmanuel Musuyu, secrétaire technique à la Corap et la conclusion faite par Me Erick Kassongo, du Coded et porte-parole du Réseau Mwangaza, place au panel d’experts d’apporter leur contribution au sujet. L’Ir Damien Twambilangana, DGA de l’Anser, le stratège Al Kitenge et le professeur Bernard Ndaye ont tour à tour pris la parole.

Premier à prendre la parole au cours de ce moment d’échange, l’Ir Damien Twambilangana, Directeur général adjoint de l’Agence nationale d’électrification et des services énergétiques en milieux ruraux (Anser), a noté plusieurs questions liées au secteur de l’électricité, moteur du développement, mais qui ne s’en sort pas malgré sa libéralisation il y a maintenant 10 ans passés. Le numéro 2 de l’anser a évoqué plusieurs points qui pourraient résoudre ce problème d’électrification en RDC.

« Je vais parler du défi en rapport avec le financement. Nous avons fait une planification, qui a abouti à produire ce que nous appelons les plans locaux d’électrification. Dans ces plans locaux, nous avons essayé de présenter la stratégie d’électrification de chaque territoire, qui sont très différents les uns aux autres. Comme vous le savez, l’Anser est représenté dans chaque région, et ce sont des ingénieurs et tout un personnel qui nous aide à collecter les données dans certaines zones et vraiment alimenter nos bases de données. Pour nous, l’électrification est la même, ce n’est pas la finalité. Il faut électrifier, mais il faut aussi en même temps se rassurer que cette électricité va booster le développement socio-économique. Avec les petites industries, ça permet de consommer de manière productive l’électricité, ça permet de créer de la richesse, donc ça permet de développer progressivement la capacité financière des villageois pour qu’il puisse être en mesure de payer l’électricité, bien qu’elle soit un droit, elle n’est pas gratuite », a souligné le DGA Damien Twambilangana.

De son côté, le stratège Al Kitenge, a fait comprendre aux participants à ces assises, qu’il n’y a de progrès considérables dans ce secteur sans planifier la consommation de l’électricité. 

« Il n’y a aucun progrès durable possible sans planification. Vous ne pouvez pas planifier l’électricité si vous ne planifiez pas la consommation. Le plus grand consommateur de l’électricité est le secteur minier. Il y a fait 22 ans qu’on a un Code minier mais quand on a libéralisé le secteur minier, on ne s’est pas posé la question de savoir comment on va devoir développer le secteur minier ».

Il a par ailleurs ajouté, « Anser qui est en fait un organe de l’Etat dans le secteur de la puissance énergétique devait être le pilier majeur du PDL 145, mais aller voir ce qui s’est passé, c’est à la fin qu’on s’aperçoit qu’il n’y a pas de coordination intelligente capable de pouvoir nous permettre de bien faire le travail collectif…  Nous devons être en mesure sur la question de l’électricité et de l’énergie d’industrialiser notre démarche, car nous avons une démarche artisanale, sans but lucratif. C’est qu’il faut faire, c’est d’aller vers les approches économiques pour donner la capacité aux gens de travailler grâce à l’électricité, pour générer de l’argent et être en mesure de payer cette électricité à son prix », a insisté Al Kitenge. 

Pour sa part, le Professeur Bernard Ndaye a résumé les défis de l’électrification de la RDC en la question de la « gouvernance », qui prend tout en compte. Car selon lui, s’il y a une bonne gouvernance, les questions du financement et de la planification trouverons leur place.


Cet atelier organisé par le Réseau Mwangaza a permis aux participants d’échanger et d’enrichir les débats sur trouver des solutions devant contribuer à relever les nombreux défis du secteur de l’électricité, liés entre autres aux financements, à la planification, à la disponibilité des données, au cadre légal, aux investissements, aux infrastructures, sans oublier les ressources humaines, la démographie et autres.

Pour son Porte-parole, aux défis relevés, le Réseau Mwangaza propose également des solutions qui vont dans le sens d’améliorer l’accès de la population congolaise à l’électricité.

« Pour électrifier la RDC, il ne faut pas seulement avoir une bonne planification, une planification intelligente, mais surtout une planification qui soit intégrée. Elle doit commencer au sommet, ce qui sera une première étape. Une deuxième étape qui est l’élément principal, une fois qu’on a la planification, il faut mettre les moyens, trouver des financements. Nous ne disposons pas d’une planification qui fait qu’on puisse mener de façon coordonnée et planifiée les activités et programmer la réussite à des périodes spécifiques ».

Me Erick Kassongo a ajouté que « les défis énumérés au cours de ces échanges du fait qu’on a produit de l’énergie, on ne sait pas l’utiliser, c’est toute l’histoire de la RDC avec ses projets énergétiques. C’est comme lorsqu’on a installé Inga 1 et Inga 2, beaucoup de gens ne savent pas que les deux centrales produisaient mas on ne savait quoi faire avec cette énergie, faute d’une industrie capable de consommer cette énergie produite. D’où l’exportation de cette énergie faute de stratégie de faciliter l’électrification du pays… Voilà pourquoi nous appelons à une bonne planification, intelligente et non isolée pour que les sources d’énergie servent de levier pour booster d’autres secteurs économiques », a martelé le Porte-parole et Directeur Exécutif du CODED.

Signalons que le Réseau Mwangaza compte en son sein huit organisations à savoir, Centre Congolais pour le droit de Développement Durable (Coded), Resources Matters, Afrian Resources Watch (Afrewatch), Cadre de Concertation de la société civile de l’Ituri sur les Ressources Naturelles (CdC/RN), Coalition des Organisations de la société civile pour le suivi des Réformes et de l’Action Publique (Corap), Conseil Régional des Organisations Non Gouvernementale de Développement/ Kassaï Central (CRONGD), Initiative pour la Bonne Gouvernance et les Droits Humains (IBGDH), Justice Pour Tous (JPT) et Observatoire d’Etudes et d’Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale (OEARSE).

Ce réseau milite pour faire de la RDC un pays où chaque congolais a
l’accès à l’électricité fiable, durable et abordable conformément à l’Article 48 de la constitution du pays qui stipule, je cite : « Le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à l’énergie électrique sont garantis. La loi fixe les modalités d’exercice de ces droits ».

Ruben Ns. Mayoni

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