Eviction de Jules Alingete : l’Odep dénonce le triomphe des antivaleurs

Eviction de Jules Alingete : l’Odep dénonce le triomphe des antivaleurs

Nommé en juillet 2020, Jules Alingete Key, alors Inspecteur général des finances, Chef de service, a été envoyé à la retraite à travers l’ordonnance présidentielle rendue publique le 8 mai 2025. Celui qui était surnommé comme le gendarme des finances publiques a rendu des « bons et loyaux services » à la nation à la tête de cette institution considérée comme salutaire dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics en République démocratique du Congo.

Par ailleurs, cette décision du Président de la république n’a pas été vue d’un seul œil par l’Observatoire de la dépense publique (Odep). Cette action est considérée comme une « éviction » de Jules Alingete par l’Odep qui trouve que la médiocrité, le tribalisme, la cupidité, le népotisme, la gabegie, la corruption et les détournements ont triomphé de l’excellence et du combat contre toutes ces antivaleurs.

Dans un communiqué dont une copie est parvenue à Versvert-infos, l’Odep renseigne que l’IGF et plusieurs organisations de la Société Civile ont dénoncé plusieurs scandales de la corruption, surfacturations et détournements dans plusieurs projets dont les derniers en date sont les projets forages et lampadaires, citant l’ancien ministre des finances, Nicolas Kazadi, comme le financier des dépassements budgétaires, des marchés de gré à gré, des paiements de la dette intérieure décotée et en mode d’urgence.

Les raisons de l’éviction de Jules Alingete Selon l’Odep, le chantage exercé sur le Président Félix Tshisekedi dans le dossier forages et lampadaires a coûté le poste de Jules Alingete, Nicolas Kazadi ayant entamé un processus de révélations publiques sur les pratiques de gouvernance contestables menées en connivence avec les cercles du pouvoir. La même source indique que face à cette menace de divulgation en chaîne, le Président de la République n’a eu d’autre option que d’écarter Jules Alingete.

« Les nombreux dossiers sensibles gérés de concert avec Nicolas Kazadi constituaient une bombe à retardement, dont les éclats auraient pu sérieusement ébranler la stabilité du régime », souligne le communiqué.

L’Odep conclu que Jules Alingete a été ainsi victime de la médiocrité, du tribalisme, de la gabegie, la cupidité, du népotisme, de la corruption, de la surfacturation des coûts des projets, des détournements, de toutes ces antivaleurs dans lesquelles notre pays est noyé.

Recommandations de l’Odep

Soulignant la nécessité de pérenniser les acquis de Jules Alingete, tout en exprimant sa gratitude la plus sincère pour le travail qu’il accompli avec courage, rigueur et patriotisme, l’Odep recommande au Président de la République de préserver les acquis de l’œuvre de Jules Alingete, de les capitaliser et en assurer une continuité positive, d’affirmer la volonté politique de renforcer globalement la fonction contrôle au sein de l’Etat congolais et d’ordonner l’arrestation immédiate de Nicolas Kazadi après tous ses aveux de culpabilité.

A la communauté Internationale, l’Odep demande au Fonds monétaire international (FMI) de mettre en place en accord avec le gouvernement, une commission indépendante chargée d’auditer la gouvernance des finances publiques de la RDC de janvier 2019 à ce jour.

Au gouvernement des Etats Unis, cette organisation de la société civile recommande de reporter sans délai la signature du très contesté accord de minerai contre la paix tant que la RDC ne se sera pas doté des dirigeants honnêtes et intègres, capables de mettre en avant une gouvernance efficace et transparente dans la mobilisation des recettes et dans la rationalisation de la dépense.

Enfin, à tous les partenaires techniques et financiers, de stopper toutes les aides budgétaires et aides financières qui favoriseraient la corruption et les détournements. L’Odep conclut en soulignant que la RDC a besoin d’une IGF forte, indépendante et protégée de toute pression politique, pour maintenir le cap d’une gouvernance vertueuse.

Le départ de Jules Alingete ne doit pas inaugurer une ère de silence, mais un sursaut collectif pour pérenniser l’élan de contrôle et d’éthique budgétaire initié sous sa direction, termine l’Odep.

Ruben Ns Mayoni

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