Atelier de partage d’information sur le nouveau contexte du Projet Grand Inga à Kinshasa

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Le Centre congolais pour le droit du développement durable (CODED), a organisé ce vendredi 9 août à Kinshasa, un atelier de partage d’information, visant à informer les parties prenantes sur le nouveau contexte du projet Grand Inga, une initiative énergétique d’envergure mondiale qui pourrait transformer la République Démocratique du Congo (RDC) en un hub énergétique pour l’Afrique et au-delà.

Le projet Grand Inga, l’un des plus grands projets hydroélectriques jamais envisagés, a été relancé avec de nouvelles orientations stratégiques. Ce projet monumental, situé sur le fleuve Congo, a le potentiel de produire jusqu’à 40 000 mégawatts d’électricité, ce qui équivaut à environ 40 % de la capacité hydroélectrique totale de l’Afrique.

Cet atelier avait pour objectif général le partage de l’information aux organisations de la société civile et à la presse basées à Kinshasa sur l’évolution du nouveau contexte du projet INGA.

Il s’agissait aussi d’aborder les perspectives économiques, sociales, et environnementales liées à cette infrastructure colossale.

Le coordonnateur du CODED, Me Erick Kassongo a axé son exposé sur les conséquences juridiques des différents contrats signés par la RDC dans le cadre de ce projet.

« De manière très synthétique, vous avez d’abord les accords signés avec la Banque mondiale. Elle avait un accord avec la RDC pour le soutenir techniquement dans le cadre de développement du site Inga, la Banque mondiale n’était pas seule à l’époque, c’était les Banques multi-accord qui soutenaient le projet, donc la Banque mondiale et la banque Africaine de de développement. Et puis il y a eu un désaccord sur la mise en place de l’Agence pour le développement du projet Inga (ADPI). L’ADPI a vu le jour en dehors des arrangements institutionnels convenus avec les Banques multilatérales. Et puis il y a eu invitation de deux groupes entre autres les chinois et les espagnols, qui ont d’abord soumissionné individuellement; après on a demandé aux deux groupes de fusionner leur œuvre pour soumettre une proposition commune, qui a abouti à la signature de l’accord en 2018, et présenté devant le public y compris l’Assemblée Nationale », a-t-il dit.


Et de rajouter :

« (…) C’est comme ça que le projet a été confié aux australiens qui sont maintenant dépossédés au profit des autres. Donc tout ça, c’est l’absence de vision, si on avait une vision, eh bien, ça serait que voilà, le Congo a besoin de construire 4000 mégawatts; Eh bien, s’il échoue de le faire avec tel développeur, c’est l’autre qui vient, qui développera le 4000 mégawatts que le Congo veut. Pas à venir nous vendre autre chose d’extraordinaire, du fantastique qui finit par ne pas aboutir. Donc si nous nous approprions pas nous mêmes le projet de développement que nous voulons avoir, nous allons être comme des baleines en train de consommer tout ce qui a comme de détritus qui vient de n’importe . Je n’ai pas dit que les investisseurs sont des détritus mais nous allons avaler des initiatives sans lendemain, qui vont nous faire traîner », a-t-il expliqué.

De son côté, M. Al Kitenge a abordé l’état des lieux des investissements de Fortescue Industries (FFI) en RDC, dans le cadre du projet d’aménagement du fleuve Congo, ainsi que les raisons de son départ annoncé.


« La première rupture a été une rupture de communication. Le gouvernement congolais ne communique plus malgré les demandes incessantes et les tentatives de FFI. Le gouvernement ne parlait pas au bout d’un temps assez long, il a même signé un contrat avec les nigérien. Et du coup, la société FFI s’est dit peut être qu’il faut laisser un peu de temps à notre partenaire. Et donc ils se sont repliés pour se concentrer sur d’autres chantiers ou ils travaillent avec succès. Et donc toute la question de la RDC reste la décision de la RDC. Elle travaille avec qui veut travailler. Cette société a donc pendant un temps arrêté ses activités localement ici. Les bureaux ont été fermé, le personnel ont été remercié. Je ne suis plus consultant sur la firme, mais en tant que citoyen congolais, c’est vraiment dommage de perdre l’opportunité de travailler avec des partenaires éthiques, sérieux, qui ont la capacité de faire une chose, qui donnent des solutions qui correspondent aux défis du moment », a-t-il précisé.

Et poursuivre :

« A l’époque où nous on se battait pour avoir des preneurs pour 11.000 mégawatts, il nous ont dit qu’on a 72.000 mégawatts capable d’être en mesure de transformer localement, d’engendrer un développement intégré dans notre pays. Et ça c’est une base qui peut nous permettre d’engager les discussions stratégiques qui dépassent le seul caractère de Inga. Et je crois simplement que nous devrions être en mesure de prendre le leadership de la planification stratégique, ce qui nous permettrai d’attirer les différents partenaires techniques et financiers et je souhaite beaucoup que les partenaires de la FFI puisse être en mesure de revenir dans le pays », déplore Al Kitenge.

Pour que le projet grand Inga contribue à l’intégration énergétique régionale de l’Afrique centrale et australe, il doit d’abord, selon Al Kitenge, contribuer au développement de la RDC.

« Avant que ce projet contribue à l’intégration énergétique régionale et continentale, je souhaiterais beaucoup que le grand Inga comme les autres sources d’énergie en RDC, travaille au développement industriel du pays. Et aujourd’hui, on a une chance c’est que, en plus du fait que nous pouvons être en mesure de vendre de l’électricité, ce que je vous souhaite le moins, nous sommes en mesure de stocker l’énergie. L’hydrogène est une opportunité incroyable. Le monde entier se dote de stratégies hydrogène. Et c’est juste étonnant que jusqu’aujourd’hui, nous n’ayons pas notre stratégie hydrogène. Avant de penser à développer les autres, nous devons être en mesure de penser à nous développer nous mêmes. Nous sommes à un niveau très faible de consommation d’énergie par tête d’habitant », a-t-il analysé.


CODED travaille pour la promotion des objectifs de développement durable en RDC. Cet atelier marque une étape importante dans la réévaluation du projet Grand Inga, qui, s’il est mené à bien, pourrait propulser la RDC au centre du développement énergétique en Afrique et dans le monde.

Bertin Al-Bashir

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